Quelques-unes des membres de l’équipe offrant des services de santé aux employés de l’Hôpital régional de Saint-Jean. De gauche à droite : Andrea (Andy) Johnson, directrice régionale, mobilisation des employés, Karen Dunham, infirmière practicienne, Lori Mason, administration, Edie Daniels, infirmière practicienne.
En septembre 2015, le Réseau de santé Horizon a annoncé le lancement d’une politique d’environnement sans fumée pour les édifices et terrains de tous ses hôpitaux. L’Hôpital régional de Saint-Jean fut le premier hôpital à mettre en œuvre cette politique grâce à une initiative appelée Ensemble sans fumée. Depuis, six autres établissements d’Horizon sont maintenant sans fumée. Tous les autres hôpitaux d’Horizon emboiteront le pas au cours des six prochains mois.
Avant le lancement de cette politique, les employés d’Horizon avaient accès à des zones désignées à l’extérieur de l’édifice de l’hôpital pour fumer. Depuis que la politique est en place, fumer est interdit partout sur les terrains de l’hôpital. Dorénavant, les fumeurs doivent éviter de fumer sur le terrain de l’hôpital ou quitter les limites du terrain de l’hôpital pour fumer. Pour bien préparer les employés qui fument à ce changement, la nouvelle politique a été introduite par étapes ; elle a été lancée à l’interne au mois de juin 2015 à l’Hôpital régional de Saint-Jean avec un programme d’abandon du tabac offert gratuitement à tous les employés qui voulaient profiter des nouvelles règles pour réduire leur consommation de cigarettes et/ou cesser de fumer.
Edie Daniels est une infirmière qui s’occupe des services de santé offerts aux employés de l’Hôpital régional de Saint-Jean. Elle et deux autres collègues, Pat Bannan et Karen Dunham, sont responsables du programme d’abandon du tabac.
« Il y a 301 qui se sont inscrits au programme d’abandon du tabac à l’Hôpital régional de Saint-Jean depuis ses tous débuts en juillet 2015. Il s’agit d’un programme de 12 semaines ; 84 l’ont terminé à ce jour, et 78 parmi ces derniers sont maintenant non-fumeurs. D’autres sont en plein dans le processus et auront bientôt complété le programme. Nous avons eu beaucoup d’inscriptions au début, lorsque la politique a été lancée. Mais, nous voyons encore plusieurs employés venir à notre bureau, se renseigner et s’inscrire, 14 mois plus tard. »
Le programme est basé sur le modèle d’Ottawa pour l’abandon du tabac, soit le même modèle que le Réseau de santé Horizon utilise avec ses patients. Toutes les infirmières qui s’occupent des services de santé offerts aux employés de L’Hôpital régional de Saint-Jean ont dû étudier le modèle d’Ottawa. Des outils ont été développés pour standardiser les pratiques qui seraient utilisées avec les employés du Réseau de santé Horizon qui chercheraient du soutien pour cesser de fumer alors que la politique serait implantée progressivement dans tous les établissements d’Horizon.
« Une infirmière s’assoit et fait une première séance d’évaluation avec chaque nouveau participant qui s’inscrit au programme », explique Mme Daniels. « Cette première évaluation nous permet de mieux connaître les habitudes de cette personne quant à sa consommation de cigarettes, soit combien de cigarettes et comment souvent elle fume et pourquoi. Une fois que nous connaissons ses habitudes, nous sommes en mesure de lui recommander une dose appropriée de thérapie de remplacement de la nicotine pour l’aider. Nous devons nous assurer qu’elle est confortable, qu’elle n’aura pas d’envie de fumer, qu’elle réussira à réduire sa dose de nicotine avec le temps et qu’elle sera en mesure de cesser de fumer pour de bon. »
Des aides au renoncement sont fournies gratuitement aux participants, ce qui motive plusieurs employés à essayer de cesser de fumer, tout en leur montrant que leur employeur se soucie de leur santé et bien-être.
« Les participants peuvent recevoir jusqu’à deux boîtes de gomme à la nicotine et deux boîtes de timbres de nicotine par semaine », dit Mme Daniels. « Bien entendu, l’accès aux aides au renoncement est basé sur l’évaluation initiale et la quantité de cigarettes que chaque individu fume; le traitement est adapté aux besoins de chaque employé. « Nous leur donnons des conseils sur les meilleures méthodes pour utiliser ces aides afin qu’ils puissent réussir à cesser de fumer. »
Les participants qui souhaitent utiliser un aide au renoncement différent peuvent également choisir d’utiliser des médicaments sur ordonnance. Ils sont responsables de payer pour les coûts des médicaments, ou, si possible, voir si leur plan d’assurance maladie peut couvrir les coûts. Dans le cadre de cette initiative, Horizon a également travaillé avec la province du Nouveau-Brunswick, et est ravis de rapporter que, depuis avril 2016, le plan d’assurance maladie et médicaments offert aux employés d’Horizon rembourse les frais pour tous les aides aux renoncement, que ce soit les thérapies de remplacement de la nicotine ou les médicaments sur ordonnance.
« Après la première session d’information, chaque participant doit visiter le centre de services de santé aux employés pour obtenir ses produits. Cette visite nous permet de faire un suivi avec cette personne. Nous lui offrons des stratégies et conseils, par exemple, l’importance de connaître ses éléments déclencheurs et éviter les vieilles habitudes qu’elle associe à la cigarette, comme prendre sa pause-café avec d’autres fumeurs ou dans un endroit physique où elle avait autrefois l’habitude de fumer. Nous lui rappelons comment bien utiliser ses aides de renoncement au tabac. Elle peut nous faire part des difficultés qu’elle rencontre ; nous ne portons aucun jugement et nous l’encourageons. »
Mme Daniels ajoute que dans seulement quelques semaines, elle voit un changement positif chez la plupart des participants. « Leur niveau de confiance en soi semble augmenter de façon considérable après les trois premières semaines. Au début, nous étions un peu dépassées par la demande que le programme avait créée. Tant de personnes se sont inscrites à la fois que nous ne savions pas si nous pouvions tenir à toutes ces visites hebdomadaires. Mais il est vite devenu évident que les visites hebdomadaires étaient essentielles à la motivation et la réussite de nos participants. Elles sont donc devenues notre priorité. »
Mme Daniels et ses collègues adorent ce travail. « Nos participants nous disent qu’ils se sentent tellement mieux. Je travaille ici depuis 2001, et je peux honnêtement vous dire qu’il s’agit du travail le plus gratifiant que j’ai fait en tant qu’infirmière. Je vois les mêmes personnes sur une base régulière et je suis témoin de la façon dont leur humeur et santé s’améliorent. Je vois la joie et la fierté qu’ils ont en eux-mêmes. La plupart de nos participants qui ont récemment cessé de fumer deviennent même nos plus grands alliés et champions, relayant le message antitabac et exigeant le respect de la politique sans fumée ».
« Je suis maintenant non-fumeur et je n’ai plus besoin de thérapie de remplacement de la nicotine. J’ai adoré ce programme parce que j’avais une personne avec laquelle je pouvais parler au moins une fois par semaine pour me guider et me dire que faire pour réussir. Vivre sans fumée, c’est fantastique! Ça a vraiment amélioré ma qualité de vie. » -Témoignage d’un employé de l’Hôpital régional de Saint-Jean.
« J’ai réussi grâce au soutien hebdomadaire et les timbres et gommes à la nicotine qui m’ont été fournis. Maintenant que je ne fume plus, j’ai plus d’énergie, moins de stress, et je me sens tellement mieux physiquement. J’ai même commencé à m’entraîner – je fais du jogging ! » -Témoignage d’un employé de l’Hôpital régional de Saint-Jean.
« J’ai essayé de cesser de fumer plusieurs fois toute seule, mais je n’ai jamais réussi. Je suis maintenant dans la 9e semaine du programme. Chaque semaine, je suis incrédule et dis aux infirmières : ‘Quand est-ce que ça va faillir ? Quand vais-je avoir envie de fumer ? ’ Mais je n’ai aucune envie de fumer ! Je trouve cela incroyable ! De plus, le soutien et les mots d’encouragements que je reçois sont formidables. Je ne pense pas que j’aurais été capable de me rendre si loin sans cela. » -Témoignage d’une employée de l’Hôpital régional de Saint-Jean.
« Je fais mes séances d’entrainement, je monte les escaliers, et je ne suis pas hors souffle ! C’est magnifique ! J’étais très déterminé à réussir à cesser de fumer, et le soutien que j’ai reçu en participant à ce programme fut la clé de mon succès. »
-Témoignage d’un employé de l’Hôpital régional de Saint-Jean.
Et, grâce à l’initiative Ensemble sans fumée, le moral des employés et leur satisfaction au travail se sont améliorés. Kerrie Luck peut en témoigner. Elle fut la coordonnatrice du projet Ensemble sans fumée à l’Hôpital régional de Saint-Jean et fut l’une des principales instigatrices de cette initiative.
« Les gestionnaires ont noté que parmi certains groupes d’employés où il y avait autrefois plusieurs fumeurs, la productivité s’est améliorée. Les employés qui fument moins ou ont cessé de fumer sont plus énergiques, se sentent mieux et explorent de nouvelles activités physiques comme la marche et aller au gym. Il semble aussi y avoir plus grande coopération et de travail en équipe entre les employés. Les employés encouragent leurs collègues et sont conscients du fait qu’il est difficile de cesser de fumer. Il y a moins de ressentiment entre collègues parce que les gens ne prennent plus de pauses cigarettes supplémentaires. »
Tous les employés non-fumeurs de l’hôpital sont également extrêmement reconnaissants. « Nos employés nous disent qu’il est agréable d’être capable d’entrer et sortir de l’hôpital sans avoir à passer dans un nuage de fumée secondaire ni marcher sur des mégots de cigarettes », dit Mme Luck. « Il est important de noter qu’avant le lancement de l’initiative Ensemble sans fumée, environ 20 % de nos employés étaient des fumeurs. Cela signifie que la grande majorité, soit 80% des employés, étaient des non-fumeurs. Notre environnement 100 % sans fumée protège maintenant tout le monde de la fumée secondaire. Parmi le 20 % de la population qui étaient des fumeurs, plusieurs ont maintenant cessé de fumer, ou sont dans le processus de cesser de fumer, et sont reconnaissants envers l’hôpital puisqu’il leur fournit des ressources, du soutien et un environnement sain et propice leur permettant d’atteindre leur but. »
Mme Luck ajoute qu’un Comité de conformité a été mis en place depuis le lancement de la politique d’environnement extérieur sans fumée. Ce comité est un des éléments clés de son succès continu. « Ceci est une politique vivante, et non pas quelque chose que nous avons écrit dans un livre et rangé sur une tablette. La politique doit s’adapter et évoluer. Le Comité de conformité se réunit sur une base régulière afin de trouver des solutions aux défis que nous rencontrons. Nous recevons les commentaires des agents de sécurité et des gestionnaires qui sont chargés de faire des patrouilles sur le terrain, à savoir s’ils ont eu à intervenir pour dire aux gens de ne pas fumer sur le terrain de l’hôpital et qui sont ces gens – des employés, visiteurs ou patients – afin que nous puissions réagir de façon adéquate. Quand nous voyons quelqu’un fumer sur les terrains de l’hôpital, nous voulons toujours adresser cette personne de manière amicale et non conflictuelle. Les membres de notre personnel ont été formés pour faire preuve d’empathie et reconnaître que la nicotine est très addictive lorsqu’ils approchent une personne qui fume. Ils demandent poliment à cette personne d’écraser sa cigarette ou de quitter les lieux si elle souhaite continuer à fumer. Ils lui rappellent aussi les nombreuses ressources à sa disposition offertes par l’hôpital pour l’aider à gérer ses envies de fumer. Si des employés ne respectent pas la politique à plusieurs reprises, nous informons leurs superviseurs et ils font à des mesures disciplinaires comme c’est le cas pour n’importe quelle infraction aux politiques de l’hôpital.
Parmi les activités d’éducation et de sensibilisation du public en lien avec l’initiative Ensemble sans fumée, les jeunes élèves de l’école Princess Elizabeth (3e année) furent invités à contribuer des pancartes, qui ont été affichées un peu partout dans l’hôpital, illustrant les dangers du tabac.
« L’image de notre hôpital s’est aussi améliorée auprès du public », conclut Mme Luck. « Nous recevons beaucoup plus de commentaires positifs que négatifs. Les gens s’attendent à ce qu’un hôpital soit un lieu de guérison et de promotion de saines habitudes. L’initiative Ensemble sans fumée montre aux gens que nous faisons cela d’une manière très concrète. Souvent, les décideurs craignent la mise en œuvre de changements importants en raison de divers scénarios négatifs qui risquent de se produire. Mais, comme nous avons vu avec cette initiative, plusieurs de ces scénarios négatifs n’ont jamais lieu. Je pense que dans quelques années, nous regardons en arrière sur cette nouvelle politique et nous constaterons qu’elle fut pour nous un moment décisif ayant fait changer l’attitude et la culture de notre milieu de travail en ce qui concerne le tabagisme. »
Photos et histoire utilisées avec permission de l’Hôpital régional de Saint-Jean et du Réseau de santé Horizon.
Publié – septembre 2016
Par Nathalie Landry – Coordonnatrice des communications de la CATNB